samedi 14 août 2010

Bang Bang.


























Les Amours imaginaires.


Amis de longue date, un garçon (Xavier Dolan, son rictus) et une fille (Monia Chokri, ses habits polis) entendent leurs cœurs battre, lors d'une soirée, en croisant le regard d'un bellâtre au visage d'ange exterminateur (une réincarnation magnétique du Terrence Stamp de Théorème). Pour lui, ils vont tout sacrifier (leur temps, leur amitié, leur orgueil) et s'épuiser masochistement dans l'expectative d'un geste ou d'un mot. Les apparences jouent contre Xavier Dolan, ce jeune cinéaste d'à peine 22 ans, controversé à cause d'un cri de naissance trop braillard (J'ai tué ma mère). Les amours imaginaires, son second long métrage, n'a rien à voir : moins centré sur ses atermoiements, plus ouvert aux autres et à toutes les sexualités pour enregistrer des instants fragiles de dépendance affective, lorsque tout se joue à portée de lèvres.
Pendant une heure trente, on ne verra que des déambulations téléguidées, des flashs éblouissants, des cadeaux sans merci, des respirations coupées, des cigarettes compulsivement grillées, des couleurs délavées, des larmes écrasées dans l'épaule d'un amant de passage qui console les corps malades... Une phrase, balancée comme si de rien n'était («J'ai toujours quelque chose sur le feu») ; et, tout s'écroule. Xavier Dolan lorgne moins du côté de la Nouvelle Vague que vers Wong Kar-Wai (les ralentis sublimes, la mélancolie qui presse l'âme, les histoires d'amour non réciproques et/ou impossibles). Les amours imaginaires ravivent le souvenir de Chungking Express.
Un crève-cœur noir désir sur les désillusions amoureuses, dans un écrin rose bonbon de roman-photo. Bouleversant.
RLV.